ECONOMIE

Mutation Agricole : L'Épreuve de la rentabilité force les fermiers à délaisser le coton

En 2025, la culture du coton en Louisiane recule : moins de 100 000 acres sont cultivés, contre plus d’un million dans les décennies passées.
PAR JC JABOUIN - ASTEUR.LA, JEUDI 30 OCTOBRE 2025

Crédit : image Pixabay

En 2025, la culture du coton en Louisiane atteint un seuil inédit : moins de 100 000 acres sont cultivés, contre plus d’un million dans les décennies passées. Ce déclin s’explique par une conjonction de facteurs économiques et climatiques. Les prix du coton, aujourd’hui autour de 64 à 67 cents la livre, ne permettent plus de couvrir les coûts de production. Parallèlement, les intrants agricoles deviennent plus onéreux, tandis que les tempêtes et sécheresses fragilisent les récoltes. Face à ces incertitudes, de nombreux agriculteurs privilégient des cultures plus rentables et stables comme le soja, le maïs ou le riz. Cette évolution soulève des questions sur la viabilité à long terme du coton dans un contexte agricole en pleine transformation.

La diversification des cultures en Louisiane s’est accélérée au fil des années, poussée par la recherche de meilleures marges et d’une moindre exposition aux risques climatiques. Cette transition a entraîné une chute du nombre d’usines d’égrenage, passées de 56 en 2001 à seulement 15 en 2025. Certains y voient une adaptation nécessaire à un marché globalisé, d’autres regrettent la perte d’un savoir-faire local et d’un tissu économique rural. Les aides publiques, jugées insuffisantes par certains producteurs, n’ont pas permis d’enrayer cette tendance. Dés lors, faut-il soutenir davantage une culture historiquement emblématique ou accompagner sa reconversion vers des modèles agricoles plus compétitifs et résilients ?

Malgré les difficultés, une minorité d’agriculteurs continue de miser sur le coton, motivée par l’attachement à une tradition familiale et régionale. Dans la paroisse de Tensas, certains exploitants adaptent leurs pratiques pour maintenir des rendements compétitifs, misant sur l’innovation agronomique et la gestion fine des ressources. Le coton, bien que marginalisé économiquement, conserve une valeur symbolique forte dans certaines communautés. Cette persistance interroge : s’agit-il d’un baroud d’honneur ou d’un modèle alternatif à préserver ? Entre mémoire collective, enjeux économiques et mutations climatiques, l’avenir du coton en Louisiane reste incertain, mais il continue de susciter des engagements et des réflexions sur la diversité des modèles agricoles.

En France, la culture du chanvre industriel a connu un déclin marqué, comparable à celui du coton en Louisiane. Très répandue jusqu’aux années 1950, elle servait à produire des fibres pour le textile, la papeterie ou la cordonnerie. La mécanisation, la montée des fibres synthétiques comme le nylon, et la réorientation vers des cultures plus rentables ont progressivement marginalisé cette production. Ce recul s’inscrit dans une mutation agricole plus large, marquée par l’intensification des pratiques, la baisse du nombre d’exploitations familiales et l’adaptation aux exigences du marché mondial. À la fin du 20e siècle, le chanvre avait presque disparu des campagnes françaises, illustrant la tension entre préservation des cultures traditionnelles et modernisation économique du secteur agricole.

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