ECONOMIE

La Louisiane, nouveau carrefour du raffinage des terres rares aux États-Unis

L'Etat s’impose comme un centre névralgique du traitement des terres rares, essentielles aux technologies modernes.
PAR JC JABOUIN - ASTEUR.LA, LUNDI 3 NOVEMBRE 2025

Crédit : image Par Peggy Greb, US department of agriculture

En 2025, la Louisiane ne comptait aucune mine de terres rares sur son territoire. Pourtant, elle s’impose comme un centre névralgique du traitement de ces matériaux, essentiels aux technologies modernes. Les matières premières proviennent principalement d’Amérique latine, et sont raffinées localement. Ce positionnement repose sur des atouts logistiques, une main-d’œuvre qualifiée et un tissu industriel chimique dense. Certains observateurs soulignent l’intérêt stratégique de cette orientation, tandis que d’autres interrogent la dépendance aux importations et les impacts environnementaux du raffinage. Le débat reste ouvert sur la durabilité de ce modèle, qui privilégie la transformation à l’extraction, dans un contexte de réorganisation mondiale des chaînes d’approvisionnement.

Plusieurs projets portés par des entreprises canadiennes renforcent le rôle de la Louisiane dans la chaîne des terres rares. Aclara Resources Inc. prévoit une usine à Vinton pour séparer des éléments lourds comme le dysprosium et le terbium, utilisés dans les aimants haute performance. Ucore Rare Metals développe à Alexandria une installation soutenue par le Département de la Défense, visant à sécuriser l’approvisionnement national. Enfin, ElementUS envisage de valoriser des sous-produits industriels pour extraire des minéraux critiques. Si ces initiatives sont saluées pour leur innovation et leur potentiel économique, elles suscitent aussi des interrogations sur la souveraineté technologique et la dépendance aux capitaux étrangers.

Ces projets s’inscrivent dans une stratégie nationale visant à réduire la dépendance aux terres rares chinoises. La Louisiane, grâce à ses infrastructures portuaires et ses politiques incitatives, devient un maillon clé de cette ambition. Des partenariats universitaires, comme avec Virginia Tech, accompagnent le développement de technologies d’extraction plus durables. Toutefois, l’absence de gisements locaux soulève des questions sur la pérennité du modèle. Les autorités locales défendent une approche pragmatique, centrée sur la valeur ajoutée industrielle. À terme, ces investissements pourraient renforcer la résilience de la filière américaine, mais leur succès dépendra de l’équilibre entre impératifs économiques, environnementaux et géopolitiques.

En France, aucune mine de terres rares n’est actuellement exploitée de manière significative, bien que le potentiel géologique soit en cours d’évaluation via un inventaire national. Face à ce constat, le pays investit dans une filière de recyclage et de raffinage jugée stratégique pour sa souveraineté industrielle et écologique. L’entreprise Caremag construit une usine à Lacq, destinée à recycler des aimants et à produire des oxydes critiques comme le dysprosium et le terbium. Soutenu par l’État, ce projet vise à réduire la dépendance à la Chine. D’autres initiatives, telles que Daimantel ou MagREEsource, complètent cet effort. Le gouvernement et le BRGM misent sur une autonomie partielle, appuyée par l’Union européenne, dans un contexte de transition énergétique et de sécurisation des approvisionnements.

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