SOCIETE

Crise du SNAP : tensions autour de l’aide alimentaire en période de blocage fédéral

En octobre 2025, la paralysie du gouvernement fédéral a entraîné l’interruption inquiétante du programme SNAP en Louisiane.
PAR JC JABOUIN - ASTEUR.LA, JEUDI 13 NOVEMBRE 2025

Crédit : image Pixabay

En octobre 2025, la paralysie du gouvernement fédéral a entraîné l’interruption du programme SNAP, privant environ 800 000 Louisianais de prestations alimentaires. Cette suspension a touché en priorité les familles avec enfants, les personnes âgées et les personnes handicapées. Face à cette rupture, les banques alimentaires ont vu affluer des bénéficiaires inquiets, comme à Monroe, où Grace Place Ministries a distribué des repas gratuits à un nombre croissant de personnes. Ce phénomène s’inscrit dans un contexte socio-économique déjà fragile, marqué par des taux de pauvreté élevés dans le nord-est de l’État. Si certains observateurs ont parlé de crise humanitaire, d’autres ont souligné la résilience des réseaux d’aide locaux, malgré des moyens limités.

Pour pallier l’urgence, le gouverneur Jeff Landry a instauré un programme d’aide temporaire financé par l’État, ciblant les groupes vulnérables. Les adultes valides sans enfants à charge ont été exclus, suscitant des débats sur les critères d’éligibilité. Cette mesure a été suspendue dès le rétablissement partiel du financement fédéral par décision judiciaire, permettant aux bénéficiaires de recevoir environ 50 % de leurs allocations habituelles. Des erreurs de versement ont provoqué confusion et frustration, certains recevant des fonds avant de les voir annulés. Les autorités fédérales ont défendu une reprise progressive, tandis que des associations ont regretté le manque de clarté et de coordination dans la transition entre les dispositifs.

Malgré la reprise partielle des prestations SNAP, les banques alimentaires ont continué de faire face à une demande élevée. Les montants réduits ne suffisaient souvent pas à couvrir les besoins essentiels, comme le pain ou le lait. Cette situation a exacerbé l’insécurité alimentaire dans une région déjà vulnérable. Les organisations communautaires ont exprimé leur inquiétude quant à la pérennité de leurs ressources, anticipant une période prolongée de tension. Si les autorités locales ont salué les efforts de l’État, certains acteurs de terrain ont appelé à une réforme plus structurelle du système d’aide alimentaire. Le débat reste ouvert sur la capacité des dispositifs actuels à répondre aux crises futures.

En France, contrairement à la situation critique observée en Louisiane lors de la suspension du programme SNAP, l’aide alimentaire d’urgence repose sur un financement public jugé stable et en hausse. En 2025, environ 147 millions d’euros sont alloués par l’État, avec un soutien renforcé aux associations comme les Banques alimentaires, le Secours populaire et la Croix-Rouge. Ce financement est complété par des fonds européens, notamment via le FEAD. La loi de finances prévoit également de nouvelles mesures, dont le plan "urgence premiers pas" destiné aux jeunes enfants. Si la coordination entre acteurs reste perfectible, le risque de rupture brutale des aides alimentaires apparaît moins marqué qu’aux États-Unis, où les blocages politiques peuvent affecter directement les bénéficiaires et les structures d’aide.

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