ENVIRONNEMENT

Pêche au menhaden: équilibre difficile entre intérêts divergents et régulation

Le menhaden, ou « pogie », est un petit poisson essentiel aux chaînes alimentaires marines. En Louisiane, il est pêché massivement.
PAR JC JABOUIN - ASTEUR.LA, VENDREDI 14 NOVEMBRE 2025

Crédit : image Pixabay

Le menhaden, ou « pogie », est un petit poisson essentiel aux chaînes alimentaires marines. En Louisiane, il est pêché massivement par deux grandes entreprises, Omega Protein et Daybrook Fisheries, pour produire de l’huile, des farines animales et d’autres dérivés industriels. Les navires spécialisés utilisent d’immenses filets capables de capturer des bancs entiers en une seule opération. Cette pêche ciblée soulève des interrogations sur son impact écologique, notamment sur les espèces prédatrices comme le vivaneau rouge ou la truite mouchetée, prisées par les pêcheurs sportifs. Si l’activité soutient des emplois locaux, elle s’inscrit aussi dans un débat plus large sur la gestion durable des ressources marines dans le golfe du Mexique.

La Louisiane se distingue comme le seul État du Golfe autorisant la pêche industrielle au menhaden à proximité immédiate du rivage. Cette spécificité alimente les tensions, notamment après des échouages massifs de poissons, parfois accompagnés de prises accidentelles de poissons de loisir. Les défenseurs de l’environnement dénoncent une pression excessive sur les écosystèmes côtiers et appellent à renforcer les zones tampons. À l’inverse, les industriels alertent sur les conséquences économiques d’une réglementation plus stricte, évoquant des pertes d’emplois et une atteinte à la compétitivité. Les autorités, quant à elles, naviguent entre ces intérêts divergents, comme en témoigne la récente décision d’assouplir certaines restrictions.

Le débat reste vif autour de la taille des zones tampons : un mile pour les écologistes, un demi-mile pour l’industrie, avec des ajustements selon les zones. Les critiques soulignent que la Louisiane fait figure d’exception par rapport à ses voisins, plus stricts. Des incidents médiatisés, comme les échouages de poissons morts, ravivent régulièrement l’émotion publique. Pour les communautés locales, la pêche sportive représente un pilier économique et culturel, en tension avec les intérêts industriels. La question centrale demeure : comment concilier exploitation économique et préservation des écosystèmes ? La réponse, encore incertaine, dépendra d’un dialogue durable entre acteurs, fondé sur des données scientifiques et une vision partagée du littoral.

En France, la pêche, y compris industrielle, est encadrée par un cadre réglementaire strict, notamment via la Politique commune de la pêche de l’Union européenne. Cette politique impose des quotas, des périodes de fermeture, des zones protégées et des restrictions sur les engins de pêche afin de préserver les stocks et les écosystèmes. Les activités sont soumises à des licences, à un suivi rigoureux et à des contrôles renforcés. Bien que la France exploite aussi de grands navires pour produire farine et huile de poisson, les risques de mortalités massives ou de conflits avec la pêche de loisir sont atténués. Ce modèle vise à concilier durabilité écologique et activité économique, en contraste avec la situation plus controversée observée en Louisiane.

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