SOCIETE

Le Louisianais : voix rebelle de la francophonie louisianaise

Fondé en 1865 par Jean Sylvain Gentil, exilé français originaire de Blois, Le Louisianais s’installe à Convent dans la paroisse Saint-Jacques.
PAR JC JABOUIN - ASTEUR.LA, SAMEDI 8 NOVEMBRE 2025

Une du journal le Louisianais datée du 22 février 1868

Crédit : image Une du journal le Louisianais datée du 22 février 1868

Fondé en 1865 par Jean Sylvain Gentil, exilé français originaire de Blois, Le Louisianais s’installe dans la ville de Convent, au cœur des plantations sucrières de la paroisse Saint-Jacques. Gentil, enseignant au Jefferson College, lance ce journal francophone le 12 août 1865. Dès novembre, il devient l’organe officiel de la paroisse. Publié principalement en français, il mêle nouvelles locales et internationales, critiques politiques et littérature. Ce journal incarne l’engagement d’un intellectuel républicain dans une Louisiane en reconstruction, où la langue française lutte pour sa survie dans un Sud marqué par les tensions raciales et les bouleversements d’après-guerre.

Gentil fait du Louisianais un espace d’expression littéraire et politique. Ses feuilletons autobiographiques abordent la francophonie, la franc-maçonnerie et ses démêlés avec le clergé catholique, souvent avec une verve satirique. En 1877, le journal passe à quatre pages, renforçant son rôle dans le débat public. Mais ses prises de position, notamment contre l’élection d’un Afro-Américain en 1869, lui coûtent le contrat officiel d’impression. En 1880, ses critiques de l’Église poussent à la création du Foyer créole, journal rival. Gentil vend finalement Le Louisianais en 1881 à André Roman et Paul Grima. Le journal cesse de paraître en 1883, après 18 ans d’existence tumultueuse.

Le Louisianais reste un jalon essentiel de la presse franco-louisianaise du XIXe siècle. Défenseur de la langue française et de la culture acadienne, il reflète les tensions identitaires d’une Louisiane post-sécession. À travers ses récits, critiques et poèmes, il témoigne d’une francophonie vivante, parfois conflictuelle, mais toujours vibrante. Gentil poursuit son œuvre dans La Démocratie française à La Nouvelle-Orléans, et même dans Le Foyer créole, qu’il avait combattu, par solidarité pour sa veuve. Ce parcours éditorial illustre la complexité des voix francophones en Amérique, entre engagement, controverse et transmission culturelle.

À noter que le nom Le Louisianais a été repris en 2023 par une publication en ligne contemporaine, dont le logotype s'inspire de celui du journal historique. Les deux titres sont néanmoins sans lien éditorial ni historique avec le journal fondé par Jean Sylvain Gentil. Bien que cette reprise témoigne d’un attachement à la francophonie louisianaise et d’une volonté de filiation avec la tradition journalistique francophone, elle mérite d’être clairement distinguée de l’original, afin d’éviter toute confusion sur la nature et la portée de l’héritage du XIXe siècle.


SOCIETE FRANCOSPHERE

A LIRE AUSSI
Notre série Voix enfouies sur la presse francophone en Louisiane

Dans une Louisiane en proie à l’anglicisation, la presse francophone a longtemps été un rempart culturel. Cette série met en lumière ces journaux oubliés qui, plume en main, ont défendu la langue française avec ferveur. À travers leurs combats, leurs éditoriaux et leurs récits, ils ont porté haut une francophonie résistante, ancrée dans l’histoire et la mémoire collective.

Voix enfouies : la presse francophone louisianaise oubliée

le 20 septembre 2025

Nous lançons une série sur la presse francophone ancienne de Louisiane pour souligner le rôle clé de l’écrit dans la préservation linguistique.

Le Moniteur, ancêtre oublié de la presse d'information francophone

le 27 septembre 2025

Premier journal francophone publié en Louisiane en 1794, Le Moniteur de la Louisiane a structuré l’espace public d’une société en mutation.

Le Télégraphe : témoin de la transition culturelle et politique louisianaise

le 4 octobre 2025

Fondé en décembre 1803, juste après la cession de la Louisiane aux États-Unis, Le Télégraphe incarne une presse en mutation.

Le Courrier de la Louisiane : une tribune francophone contre l’effacement

le 12 octobre 2025

Fondé le 14 octobre 1807 à La Nouvelle-Orléans, Le Courrier de la Louisiane s’inscrit dans un contexte de bouleversements culturels.

L’Ami des Lois : un journal entre ferveur révolutionnaire et ordre esclavagiste

le 18 octobre 2025

Fondé en 1809 à La Nouvelle-Orléans, L’Ami des Lois s’inscrit dans le bouillonnement politique et démographique de la Louisiane postcoloniale.

L’Abeille de la Nouvelle-Orléans : témoin majeur de la francophonie louisianaise

le 25 octobre 2025

Fondée le 1er septembre 1827 par François Delaup, L’Abeille s’impose rapidement comme le journal francophone le plus influent de la ville.

Le Meschacébé : mémoire vivante de la Louisiane francophone

le 1er novembre 2025

Fondé le 23 janvier 1853 à Lucy, dans la paroisse de Saint-Jean-Baptiste, Le Meschacébé est un journal emblématique de la presse francophone en Louisiane.

Le Louisianais : voix rebelle de la francophonie louisianaise

le 8 novembre 2025

Fondé en 1865 par Jean Sylvain Gentil, exilé français originaire de Blois, Le Louisianais s’installe à Convent dans la paroisse Saint-Jacques.

Ce contenu vous plait? N'hésitez pas à le partager

Le fil d'information sur la Louisiane

Suivez-nous sur les réseaux sociaux
Facebook Twitter X Instagram Threads Bluesky





© 2025 copyright asteur en louisiane tous droits reserves

à propos | mentions legale | politique de cookies | charte éditoriale