
SOCIETE
Le Courrier de Houma : Témoin de l'anglicisation des bayous
En 1878, Lafayette Bernard Filhiol Bazet, originaire des Pyrénées françaises, fonde Le Courrier de Houma dans la paroisse de Terrebonne.
PAR JC JABOUIN - ASTEUR.LA, SAMEDI 6 DECEMBRE 2025
Crédit : image Une du journal le Courrier de Houma du 18 janvier 1879
La Fondation (1878)
En 1878, Lafayette Bernard Filhiol Bazet, imprimeur originaire des Pyrénées françaises, fonde Le Courrier de Houma dans la paroisse de Terrebonne, au sud de la Louisiane. Houma, centre administratif de la région, était alors un foyer francophone où le cadien et le créole dominaient la vie quotidienne. Le journal naît sous forme bilingue, quatre pages partagées entre français et anglais, afin de répondre aux besoins d’une population agricole et maritime. Bazet, déjà actif dans l’édition à La Nouvelle-Orléans, voyait dans ce projet un outil de cohésion et de communication pour une communauté isolée par les bayous. Sa vision était claire : offrir aux francophones un espace d’expression et de résistance culturelle face à l’anglicisation croissante.
L’Âge d’Or Francophone
À la fin du XIXe siècle, Le Courrier de Houma devient un pilier de la culture francophone locale. Publié 13 ans après la Guerre de Sécession, il soutient la langue cadienne et créole dans une région où l’isolement géographique permettait au français de persister. Le journal couvre l’actualité cruciale : récoltes de canne à sucre, activités maritimes, avis judiciaires et annonces officielles. Lors de catastrophes comme l’ouragan de Chenière Caminada en 1893, il joue un rôle vital : informer sur les dégâts, coordonner l’aide et maintenir le moral des habitants. Plus qu’un simple recueil de nouvelles, il devient un instrument de survie et de cohésion communautaire, incarnant la presse de résistance culturelle dans les paroisses des bayous.
L’évolution et l’anglicisation
Au XXe siècle, l’anglais s’impose progressivement avec l’école obligatoire, l’essor pétrolier et l’intégration nationale. Le Courrier de Houma s’anglicise, devenant The Houma Courier. Propriété de divers groupes, il passe notamment par le New York Times Company en 1980, puis Halifax Media Group, avant d’être acquis par Gannett. La fréquence de publication évolue : hebdomadaire, puis quotidien sept jours sur sept dès 1998. En 1999, il lance son édition numérique Houma Today. Bien qu’il publie désormais principalement en anglais, il conserve une attention aux racines francophones et cadiennes. Aujourd’hui, The Houma Courier demeure un quotidien majeur de Terrebonne, témoin de l’évolution linguistique et culturelle d’une région où l’identité francophone reste vivante malgré l’anglicisation.
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